Comment faire le récit de sa propre éducation ?

Parmi toutes les thématiques abordées par nos clients au cours de ces vingt dernières années, l’éducation est sûrement celle qui revient le plus régulièrement. Avec toujours autant de force et d’émotion, ce sujet passionne toutes les générations. Mais il faut reconnaître qu’il intéresse spécialement les personnes nées entre les années 20 et 50.

La manière dont nos grands-parents ont été élevés nous fascinent complètement tant elle diffère avec la nôtre. Mais si elle est très éloignée de notre univers, il subsiste tout de même quelques liens. En revanche, elle se situe à des années-lumière de celle des enfants nés à partir des années 2000 !

L’éducation des enfants nés entre les deux guerres mondiales

A la maison

Les enfants participent activement aux tâches ménagères. Les caprices n’existent pas, quel que soit le milieu social. « Comme beaucoup d’enfants de ma génération, j’ai été élevée avec discipline et rigueur, mais aussi avec beaucoup d’amour. J’avais tout ce dont j’avais besoin, mais pas grand-chose de plus. Quand un vêtement était usé, on le reprisait. Quand nous perdions quelque chose, nous revenions sur nos pas jusqu’à ce que nous l’ayons trouvé. Habituée à cette forme d’austérité qu’on trouverait sûrement dure aujourd’hui, je n’exigeais jamais rien. », raconte Geneviève Massot née en 1930, dans son ouvrage dédié à ses petits-enfants.

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Même dans les milieux aisés et aristocratiques, les enfants passent loin derrière les adultes. « Maman, elle, nous élevait « à l’hôtel », c’est-à-dire à la maison. La bonne tenue à table était indispensable. Les enfants ne parlaient pas, les privilèges de l’expression étaient réservés aux adultes », se souvient Marie-Jeanne du Plessis dans son ouvrage « Une belle vie ».

L’éducation est beaucoup plus rude à la campagne (lire notre article consacré aux biographies d’agriculteurs). A cette époque, on demandait toujours aux enfants de faire des corvées : ramasser des choses, aller aux lapins, etc. Il n’y a pas de répit pour eux. Dès qu’ils sont suffisamment forts et robustes pour porter, nettoyer ou ranger, ils sont sollicités par les grands. « J’ai quitté l’école à 13 ans. J’aurais beaucoup aimé continuer mes études et apprendre davantage, mais malheureusement, l’époque et le contexte ne s’y prêtaient pas… Dans ma région, la plupart des adolescents quittait avec regret les bancs de l’école pour aller prêter main forte aux adultes de leur famille. »

L’école

« Les journées commençaient toujours par un cours de morale, c’est-à-dire une discussion autour d’un thème écrit au tableau. Ensuite, nous devions réciter ce que nous devions apprendre pour nos devoirs. Venait enfin le calcul. La dictée était la dernière matière de la matinée. L’après-midi était réservé aux sciences, à l’histoire et la géographie, aux travaux manuels. »

La rigueur de l’éduction est encore plus forte dans les pensionnats, qu’ils soient religieux ou laïques. « La discipline était stricte. Le lever était à cinq heures du matin. Après une brève toilette, tout le monde aligné, nous faisions la prière du matin avant de descendre à la chapelle pour assister à la messe basse journalière. L’office terminé, nous déjeunions et la journée démarrait après une courte récréation. Le dimanche, les plus âgés d’entre nous assistaient à la grand’messe », explique Jeanine Prévost dans son ouvrage « Un ange à ma table ».

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L’éducation des baby-boomers

Il y a une légère évolution pour les personnes nées après la guerre, dans les années 50 essentiellement. L’exode rural a commencé, la vie citadine se développe et la libéralisation morale et citoyenne s’accélère avec le progrès technique.

Il n’empêche que l’éducation demeure très rigoureuse, notamment dans les écoles religieuses. « Je vois encore ma classe de cours préparatoire avec une maîtresse qui nous terrorisait ; elle menaçait de nous enfermer en haut des marches de sa cave dont la porte jouxtait celle de son appartement juste derrière son bureau. », se souvient Hélène. Les sévices corporels perdurent également dans certains établissements fermés. De nombreux témoignages d’hommes et de femmes nés au début des années 50 relatent des moments de brimades et d’humiliations particulièrement douloureux.

A la maison, le schéma type est le suivant : les enfants sont élevés principalement par la mère qui reste au foyer et assure toutes les tâches de l’éducation. Le père a le beau rôle, éloigné, il fixe le cap et distribue de temps en temps quelques punitions.

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