Comment réunir les petites histoires et la grande Histoire

Un événement historique ultra documenté comme celui de la seconde guerre mondiale peut être vécu d’une multitude de points de vue. Celui de l’assaillant, du défenseur, du collaborateur, du résistant mais aussi celui d’un allié, des hommes, des femmes, des enfants, des vieux ou des jeunes mais aussi des pauvres ou des riches. Enfin, une autre dimension à prendre en compte : les religions. Que l’on soit juif, catholique ou protestant, la guerre va être vécue de manière totalement différente.

Les témoignages de cette époque émanent le plus souvent de personnes ayant vécu les événements dans leur jeunesse, parfois même dans leur enfance. A travers toutes ces années, leurs confessions ont conservé toute la pureté et l’authenticité. Enregistrés telles quelles par notre écrivain biographe, leurs paroles ne sont pas déformées par des influences idéologiques ou religieuses. C’est le jeune enfant en bermuda, l’adolescent courageux au regard droit que notre biographe familial regarde en face de lui et non cet octogénaire ou nonagénaire ! D’ailleurs, il arrive que notre héros se métamorphose en prenant des accents de jeune enfant, mimant des scènes vécues dans sa tendre enfance avec son père ou sa mère. Récemment, l’un de nos écrivains a vécu cette expérience de façon démultipliée : la dame qu’il avait en face de lui dans sa maison de retraite s’est littéralement transformée en petite fille qu’elle était, battue par ses parents, hurlant, pleurant et se débattant tout en continuant à raconter son histoire de sa petite voix enfantine.

Ces manifestations physiques ultra réalistes pourraient se révéler très compliquées à gérer pour tout écrivain biographe non averti et il vaut mieux avoir quelques années d’expériences pour y faire face. D’autant plus qu’elles se révèlent encore plus fortes lorsque la personne interviewée n’a pas évoqué de tels souvenirs pendant des dizaines d’années. Plus la mémoire est restée tapie au fond du psychisme, plus le choc est fort lorsqu’elle est révélée.

Résumé du livre

Années trente, drôle de guerre, résistance, Afrique du Nord…ce sont les « petites » histoires vécues par nos proches qui donnent une réelle profondeur à la Grande Histoire. Elles seules mettent en perspective nos connaissances embrumées et donnent du sens à ce que nous avons appris avec si peu d’émotion dans les manuels scolaires. 

C’est empreint de sa modestie naturelle et de sa sincérité inébranlable que Didier Waller revient sur les « quelques souvenirs » de sa vie, des faits d’une précision inouïe qui nous remontent cent ans en arrière ! 

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Extraits de l’ouvrage

 » Ils nous vident les poches dans la foulée. Mes compagnons qui ont emporté quelques pièces d’or qu’ils ont cousues dans leurs vestes les leur remettent prestement. On se retrouve complètement démuni, sans rien à manger, sans argent, en pleine nuit et dans la montagne. Pour couronner le tout, nous sommes en plein mois de décembre ! « 
 » Je suis mobilisé au moment de la déroute, six jours avant que Paris ne tombe aux mains des Allemands. Je pars à Fontainebleau où je passe quatre ou cinq jours, puis j’embarque, en treillis bourgerons, dans un train de marchandises, direction : plein Sud. Les boches arrivent. Ils sont à nos trousses. Pas question de perdre du temps. Nous progressons par petites étapes, jusqu’aux environs de Valence, à Romans. Là, on nous donne des tenues bleu horizon : ce sont les uniformes de la guerre de la guerre de 14 ! « 
 » Ils commencent à me foutre des coups de poing sur la gueule, à me faire des tours de bras, … Le passage à tabac dure tout l’après-midi. Puis ils m’emmènent au gnouf, dans un cachot, sans rien à bouffer. La scène recommence le lendemain. Au bout du troisième jour, ils m’emmènent bouffer dans un restaurant. Ils m’encadrent dans la rue et me préviennent « on ne vous met pas les menottes, mais faites pas le mariole « . Je déjeune à une table et eux à une autre. « 
« L’atmosphère était surréaliste. D’innombrables appartements avaient été réquisitionnés par les Allemands. Tout en me promenant avenue Victor Hugo, j’entendais les radios diffuser à pleine gomme les communiqués tonitruants de la Weirmacht. Un jour, j’ai rencontré un copain qui m’a proposé de prendre un verre avec l’officier de la Marine allemande qui sortait avec sa soeur. Je ne pouvais pas me dégonfler. Nous sommes allés prendre un verre dans un de ces établissements à la mode, le Saint James, au coin du rond point des Champs-Elysées. Cet officier était plutôt sympa mais l’entrevue avait quelque chose de surréaliste et je me suis senti dans un état bizarre. »

Ce livre a été édité par Votre Biographie Editions et rédigé par Alain Lahaye