Comment réaliser son autobiographie avec ou sans aide ?

En anticipant leur incapacité future, de plus en plus de personnes veulent consigner leurs mémoires par écrit. Agés de 65 à 80 ans, ils ont vécu des événements que leurs proches connaissent mal ou pas du tout. Derniers dépositaires de ces souvenirs, ils ne veulent pas les voir partir dans l’oubli. Ils rêvent de les donner à leurs proches, de leur témoigner l’amour.

Retour vers le passé aux côtés d’un biographe

Les émotions et les souvenirs sensibles

Il est étonnant de constater à quel point peut être agréable un retour dans ses souvenirs de jeunesse. C’est avec une certaine délectation que l’on revit ses premiers baisers, les flirts de l’adolescence, les amitiés passionnées, les rêves impossibles mais aussi les conflits avec les parents, les jalousies et les désirs qui paraissaient insurmontables à contrôler à l’époque. Les images reviennent, les unes après les autres, il faut les laisser venir à soi, sans précipitation, sans exigence. Parfois on se rappelle bien les visages, les lumières et les lieux mais qu’il est difficile de les faire réapparaître sur la feuille, la page blanche de l’ordinateur. Rien ne vient, c’est le vide absolu. « Tant que les mots viennent, tout est encore possible. Rien n’est plus compliqué que des mots qui ne surgissent que par bribes. Tant que le flux est continu, la narration va se dérouler sans accroc et le texte sera agréable » explique Stéphanie, notre écrivaine de Marseille. Le biographe, parce qu’il est neutre vis à vis du client et de sa famille, a cette facilité à faire jaillir les réminiscences, les souvenirs les plus enfouis. Il a un rôle d’accoucheur de la mémoire. Une fois que les souvenirs reviennent, pèle mêle, par bribes, son rôle va consister à mettre de l’ordre dans ce mélimélo, il va les structurer pour mettre en place la chronologie.

On se replonge dans le décor de son enfance. L’immersion est complète et profonde, elle dure le temps nécessaire à faire revenir tous les détails. « Si l’enfance avait dû définir l’homme que j’allais devenir, j’aurais été de ces misérables qui ne trouvent pas de place dans le monde. Mes premières années au sein d’un foyer pauvre, les suivantes dans un internat autoritaire qui m’a marqué à vie, ne laissaient rien présager de bon pour mon avenir. Mais heureusement pour moi, mon tempérament sportif, mon amour de la vie, mes amis – mes frères et sœurs – carcéens m’ont permis d’éviter les mauvais chemins. Et la rencontre de Thérèse a fait briller le soleil dans ma vie en me permettant de connaître les joies d’un vrai foyer. Ce livre est là pour retracer l’histoire d’un oiseau tombé du nid à qui l’amour et l’amitié ont su redonner des ailes » raconte André Riot dans son ouvrage passionnant et très touchant « Le soleil a fini par briller ».

Les entretiens biographiques durent en général 8 à 12 heures d’enregistrement. Pour chaque heure enregistrée, le biographe va retranscrire et écrire le texte en 5 à 6 heures. Un texte autobiographique nécessite donc, en moyenne, 50 à 70 heures de travail pour l’écrivain. Les échanges peuvent se faire en face à face ou à distance mais nous privilégions très clairement la première option. Rien ne remplace la présence d’un humain, le contact physique entre deux personnes. Et puis, si certains jeunes optent parfois pour les entretiens en Visio, les seniors ne sont pas habitués à ce mode de captation, ils plébiscitent très nettement les entretiens en présentiel.

Dans le cas des interviews en présentiel, l’écrivain biographe peut observer le langage corporel, l’attitude, la posture et les expressions faciales du narrateur. Cela permet une évaluation plus complète de la personnalité et de l’aisance sociale. Le contact direct crée une interaction plus naturelle et fluide, cela favorise une meilleure connexion entre les interlocuteurs, ce qui peut être crucial. Enfin, dans le cas du face à face, il n’y a pas de risques de coupure internet, de mauvaise qualité audio/vidéo ou de problèmes techniques qui pourraient nuire à la qualité de l’échange.

De plus, les entretiens en réel permettent une véritable immersion dans l’environnement du client. L’écrivain peut visiter le lieu d’habitation, ressentir l’ambiance et donc se projeter plus facilement dans la personnalité du narrateur. Il peut aussi s’imprégner en direct en découvrant des photos, des bibelots, des tableaux et toutes sortes d’objets présents dans l’habitation. Il peut également observer comment le narrateur interagit avec d’autres personnes sur place. Enfin, le fait de se déplacer signifie une plus grande implication. Se déplacer pour une interview, au frais de la maison d’édition et non du client, montre clairement l’investissement personnel du biographe. Cela peut également renforcer l’image de sérieux et de motivation de la maison d’édition Votre Biographie Editions.

Les anecdotes et les souvenirs d’actions

Loin de narrer avec sensibilité les émotions de l’enfance, il s’agit d’écrire sur des actes, des moments clés de la vie. Pour de nombreux clients nés pendant ou juste après la guerre, les actes comptent bien plus que les mots. Il est donc naturel pour eux de relater les faits avec le plus de précision et d’honnêteté, sans s’appesantir sur une tentative de description des sensations, des émotions vécues. Par exemple, il s’agit de raconter heure par heure le déroulement d’une journée passée à l’école. La traversée du village les sabots aux pieds, puis l’arrivée dans la cour, le salut au drapeau, la mise en rang et l’entrée dans la salle de classe, aucun détail ne doit être épargné.

« Écrire sa biographie ne m’aurait jamais traversé l’esprit. Je suis quelqu’un qui avance, qui fonce même, pas le genre de bonhomme à me retourner sur le passé et encore moins à me complaire dans la nostalgie. Et pourtant voilà, je me mets au récit de ma vie, à des confidences intimes que je me pensais bien incapable de livrer », déclare ce septuagénaire dans le prologue de son ouvrage.

Tenter l’écriture sans assistance d’un écrivain biographe

Se faire un cadeau à soi-même revient de temps en temps à tenter l’aventure de l’écriture sans recourir à une aide d’aucune sorte. Le jeu en vaut la chandelle tant la satisfaction est grande de constater que l’on est capable d’écrire seul et surtout de se relire avec plaisir. Le bénéfice est total lorsqu’on se rend compte que le travail accompli tient la route, qu’une ébauche de récit est en train de prendre forme. Mais attention à la frustration et à la colère qui peuvent également l’emporter lorsque le constat de la relecture s’avère négatif. Ce que vous découvrez sur l’écran vous paraît très laid. D’abord parce que les mots sont surlignés de toutes les couleurs dans la page: rouge, bleu, vert… Word vous fait remarquer que vous avez mal tapé vos mots. Ceci n’a aucune importance, c’est tout à fait normal. Donc, première action : supprimer au maximum toutes ces couleurs en corrigeant vos fautes de frappe, les fautes d’accords de liaison, etc. Ensuite, deuxième action, démarrez la relecture en vous posant une seule question : est-ce compréhensible ? Si vous avez le moindre doute, essayez de déceler la source du problème : qu’est ce qui dans l’enchaînement des mots ou de ma phrase nuit à la bonne compréhension du message ? Troisième étape, le style. Votre message est clair désormais mais vous avez l’impression de lire le texte d’un enfant de cinq ans, pire, celui d’un inculte ne maîtrisant que trois cents mots de vocabulaire. C’est à ce moment que la technique d’écriture va véritablement devoir s’employer pour donner à votre texte des airs de roman. Vous avez obtenu une base, une matière première, lisible et compréhensible, sans plus. A ce stade, soit vous tentez d’optimiser le style vous-même, soit vous faites appel à un professionnel de l’écriture pour réussir une écriture incitative et littéraire.

Il faut déjà se demander pourquoi l’on veut écrire son autobiographie. A qui est destiné ce récit ? Est-ce pour soi-même (mémoire personnelle) ? Est-ce pour la famille ? Est-ce dans un objectif de publication ? On peut suivre une structure chronologique (de la naissance à aujourd’hui) ou thématique (famille, travail, épreuves, passions, etc.). Ensuite, il convient de choisir sa structure de récit. Partirez vous sur une structure chronologique (la plus classique) en traitant d’abord l’enfance, l’adolescence et la vie adulte. Ou préférez vous donner une structure thématique (plus libre) : racines, grandes décisions, épreuves, bonheurs… Parfois, très souvent même, l’aide du biographe ne suffit pas et il faut prendre des notes c’est-à-dire effectuer un petit travail de mémorisation aux côtés des interviews. Il convient donc de noter ses propres souvenirs en réalisant des listes ou des fiches avec les dates importantes, les personnes marquantes, les faits majeurs et les objets ou lieux symboliques incontournables.

Quel style adopter pour son récit de vie

Pour le style, rien ne sert de vouloir se compliquer la tâche en adoptant une écriture qui ne vous ressemble pas. Il ne faut pas hésiter à écrire comme l’on parle. Ne surtout pas chercher à être trop littéraire. L’honnêteté, l’authenticité comptent plus que le style. Comme l’écrivain biographe qui prend son temps pour décanter les interviews, rassembler les souvenirs année après année, il vaut mieux avancer petit à petit en se fixant un rythme. Par exemple, l’écriture d’une page A4 tous les trois jours semble être un calibrage accessible. Et surtout, ne pas se corriger, ne pas chercher à se juger. On a toujours tendance à trouver complètement nul ce que l’on écrit mais c’est faux. Une fois la matière première du texte posée sur la feuille, il sera temps d’arranger les phrases, de les rendre un peu plus linéaires, plus agréables à la lecture. La relecture à voix haute est conseillée mais pas obligatoire. En revanche, à ce stade, il convient de supprimer les répétitions et clarifier les passages flous.