Comment éditer un livre de souvenirs sur les loisirs dans une maison de retraite

Résumé du livre

L’élaboration du projet éditorial

Le projet « Souvenirs en Abondances : le bon temps » est né de la rencontre entre le centre “Les Abondances”, plus grand centre de gérontologie des Hauts-de-Seine (480 lits) et Transversales Éditions, maison d’édition spécialisée dans la transmission de la mémoire (collectivités et particuliers). Plus de quarante témoins ont participé aux interviews qui ont duré six mois.

L’idée première du livre consistait à recueillir les souvenirs des résidents, autour d’une thématique donnée : les loisirs. Les résidents participants ont été retenus sur la base du volontariat et choisis par le service animation du centre de Gérontologie. Menées par l’un de nos écrivains, les interviews se sont déroulées au sein de l’établissement, de mars à septembre 2004. Les échanges ont été d’autant plus fructueux que cet écrivain, Alain, exerce également le métier de comédien (découvrir le portrait d’Alain dans cet article Portrait d’Alain, le comédien écrivain | Votre Biographie Éditions)

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Bien plus qu’un projet éditorial, ce livre de mémoires a eu pour vocation de créer un mouvement culturel au sein du centre “Les Abondances”, à travers les échanges entre un artiste et des hommes et femmes de générations différentes. Cette place inédite de la parole a favorisé la création d’une œuvre originale et collective.

Impact sur le mieux-être des résidents

Dans la vie quotidienne des résidents, ce projet a occupé l’espace et le temps, donnant un sens au rendez-vous donné, à la rencontre pour laquelle on se prépare, dont on se souvient, dont on parle… Une exposition réalisée à partir des textes et des photos du livre est venue ponctuer l’achèvement de l’ouvrage à la fin du mois de novembre 2004.

L’impact sur le mieux-être des personnes âgées s’est joué autour du regard et de l’estime de soi : présence, attention à l’autre, sentiment d’être respecté pour ce que l’on est aujourd’hui et ce que l’on a été hier, nouvelle sensation d’exister, expression des émotions…

Un regard à triple niveau : les personnes âgées sur elles-mêmes, le personnel soignant sur les personnes âgées et les familles sur leurs aînés.

Le livre a eu un rayonnement au-delà du centre, parmi les familles des résidents mais aussi au sein des écoles de la ville. Traces d’un chemin parcouru jusqu’à nous, les souvenirs de nos anciens n’ont laissé personne indifférent, spécialement les plus jeunes.

La Fondation Nationale de Gérontologie et le Groupement des Animateurs en Gérontologie ont soutenu le projet dès le début.

Au total, plus de mille exemplaires ont été édités et distribués aux familles et aux partenaires. Certains ouvrages ont été vendus.

Extraits de l’ouvrage

Rose, 88ans : j’adorais jouer à la marchande. Imaginez une grosse pierre sur laquelle je faisais tenir une planche : c’était ma balance. Je me servais de cailloux que je déposais à gauche ou à droite de la planche pour peser ma marchandise. Les pommes pourries, par exemple, c’était pour moi du pâté que je vendais à qui passait.

Sophie, 83 ans : ma fille, hôtesse de l’air, m’a offert des séjours aux Baléares et en Grèce. Mais à voir tous les livres empilés près de mon lit, lus ou en attente d’être dévorés, je me demande si mes plus belles vacances, je ne les ai pas passées à voyager entre leurs pages…

Éliane, 85 ans : Après mon mariage, j’adorais aller au cinéma. Nous y allions très souvent avec mon mari.  D’autant plus facilement que mes beaux-parents travaillaient à l’Artistic Palace de Boulogne !

Renée, 94 ans : Avec mon mari – je me suis mariée à seize ans et demi -, j’ai beaucoup fréquenté le bal de la rue de Lappe. L’orchestre, avec l’accordéon, la mandoline et le banjo, y faisait un tabac. J’y ai dansé tout ce qui se dansait à ce moment-là : la java, la valse, la mazurka, la biguine, le tango… j’en oublie certainement.